 |
Le
Cycle des Epées
De Fritz Leiber
Editions Pocket
1-
Epées et Démons
2- Epées et Mort
3- Epées et Brumes
4- Epées et Sorciers
5- Le Royaume de Lankhmar
6- La Magie des Glaces
7- Le Crépuscule des Epées
|
(En
guise d'introduction, je préfère prévenir
que cette review n'en est pas totalement une puisque je n'ai
lu que 3 tomes sur les 7. Il ne faut donc pas voir ici une critique
exhaustive, simplement un avis général quant au
début d'un cycle, suffisamment laborieux, à mon
sens, dans sa première moitié, pour me décourager
à le poursuivre plus longuement…)
Aux
dires de Michael Moorcock, Le cycle des épées
est l'un des très rares cycles de Fantasy qu'il lit encore
avec plaisir. Sur un tel témoignage, on pourrait supposer
ne guère courir de risques en se lançant dans
les aventures de Fafhrd et du Souricier Gris. A condition d'aimer
la Sword and Sorcery pure et dure… Car Fritz Leiber ne
nous offre pas une Heroic-Fantasy se voulant novatrice.
Au long de 7 tomes construits sous forme de nouvelles sans liens
apparents, on suit les pérégrinations de deux
personnages dans des aventures qui ne semblent guère
évoluer d'un volume à l'autre.
L'intérêt que l'on pourrait entrevoir dans cette
accumulation d'aventures redondantes sont les personnages en
eux-mêmes, plus proches de voleurs et de criminels amateurs
de vin et de femmes que de grands héros truffés
de nobles idéaux tels que l'on aurait pu craindre.
Malheureusement ces anti-héros ne suffisent évidemment
pas à sauver cette saga.
Tout
le problème avec l'Heroic-Fantasy écrite sous
forme de nouvelles est que la plupart du temps, l'auteur écrit
ses histoires dans le désordre. Une histoire par ci,
une histoire par là, publiées une par une dans
des fanzines avant d'être réunies dans des volumes
des années plus tard.
C'est ainsi que l'on explique l'absence de liens entre les différentes
nouvelles, et par conséquent que l'on explique pourquoi
le cycle se retrouve si décousu. C'est bien ici le problème.
La plupart des nouvelles nous redécrit systématiquement
nos deux héros et nous les plonge dans une petite histoire
courte dans laquelle ils vont devoir se sortir d'un piège
ou d'un autre, piège duquel ils se sortiront bien évidemment.
Puis la nouvelle se termine.
Pas de personnages secondaires récurrents, pas de développement
psychologique très poussé. Le mieux qu'il m'ait
été donné de voir est à la rigueur
dans Jours maigres dans Lankhmar où Fafhrd
et le Souricier se séparent à cause d'un désaccord.
Problème : ce désaccord est à peine effleuré
par Fritz Leiber, et les deux amis se réconcilient très
vite sans que l'on comprenne trop pourquoi. Mais au moins, il
y avait un changement dans leur relation. Dommage que l'histoire
de cette nouvelle soit particulièrement inintéressante.
Quand
on lit une autre nouvelle, on retrouve le même début
qu'à la nouvelle précédente : nos deux
compères sont ensemble, soit en train de marcher dans
une ruelle, soit en train de se saouler autour d'un brasero
et jamais ils ne reparleront de leurs aventures passées
(logique, leurs aventures passées étant souvent
écrites après, Leiber peut difficilement en reparler…)
En fait, l'impression que donne un tel cycle, comme l'avait
fait en son temps Robert Howard avec Conan, est d'avoir
à faire à une série télé,
mais une mauvaise série télé, de
celles dans lesquelles on peut regarder les épisodes
dans le désordre sans que cela ne nous gêne vu
que les personnages n'évoluent jamais. Une série
de l'acabit de… disons, Xena ou Sydney Fox.
(Ca fait tout de suite très envie je sais).
Alors,
je ne vais pas enlever à Leiber le fait qu'il sache se
servir des mots et que contrairement à la plupart des
auteurs d'Heroic-Fantasy, il sait écrire, indiscutablement,
mais offrir une histoire judicieusement construite et intéressante
reste à mon sens le plus important.
Ce
qui est dommage c'est que derrière tout ceci, il y avait
un réel potentiel. Le tome 1 en est un bon exemple avec
sa construction en trois parties se rejoignant les unes les
autres pour former au final une histoire parfaitement cohérente.
La première nouvelle nous présente Fafhrd (prononcez
" Faferd "), le barbare des Déserts Froids,
la deuxième nous présente le Souricier Gris, le
petit homme toujours habillé de gris, et la troisième,
leur rencontre, et le drame qui consolidera leur amitié
légendaire.
Seulement, dès le deuxième tome, on entre dans
des recueils de nouvelles de 20 ou 30 pages de moyenne qui par
leur répétitivité ne pourront guère
enthousiasmer que les véritables fans du genre.
Lyas
VERDICT:

Cette saga ne doit sa note qu'à l'écriture de
Leiber elle-même loin au-dessus de ce que le genre offre
d'habitude (Howard ou les auteurs des Royaumes
Oubliés pour ne citer qu'eux). Leiber est un
très bon écrivain, mais on le préfère
dans des romans tels que Le Vagabond dans lesquels
il présente de vrais personnages, humains, profonds qui
évoluent. Fafhrd et le Souricier Gris sont des vrais
anti-héros, oui c'est bien, seulement quand de tels personnages
n'évoluent pas d'un iota des centaines de pages durant,
c'est la lassitude qui prend les devants. Il est donc conseillé
d'être un réel mordu d'HEROIC-Fantasy
pour espérer apprécier un tant soit peu ce cycle
qui pour ma part a depuis longtemps disparu de mes rayonnages.
|