Trouver
des renseignements sur la vie de Donaldson n'est vraiment
pas une sinécure. Homme discret? Sans aucun doute,
vu le nombre si dérisoire d'informations qui filtrent
de sa vie post-estudiantine. Enfin faisons donc avec ce
que l'on a.
Stephen
R. Donaldson est né le 13 mai 1947 dans l'Ohio dans
la ville de Cleveland. Ses parents, James R. Donaldson, chirurgien
orthopédique et Mary Ruth Reeder, prothésiste,
l'emmenèrent une grande partie de son enfance en Inde
où son père soignait les lépreux (de
ses 4 ans à ses 16 ans pour être exact).
Une fois rentré aux Etats-Unis, Stephen commence ses
études et obtient son B.A (Bachelor of Arts) en 1968
dans le collège de Wooster. Puis survient la guerre
du Vietnam, pour laquelle Donaldson n'affiche pas un grand
soutien, puisqu'il sera objecteur de conscience et travaillera
dans un hopital.
En 1971, il reprend ses études et obtient son M.A (Master
of Arts) en anglais dans l'université de Kent.
Après
cela, si ce n'est sa carrière littéraire et
le fait qu'il vive à présent au Nouveau Mexique,
on ne sait rien. A-t-il travaillé en dehors de son
boulot d'écrivain? Est-il marié? A-t-il un casier
judiciaire? (Hum...) Rien ne filtre. Un homme vraiment très
discret sur sa vie. Cela ne fait que rajouter du charme à
cet écrivain hors pair, injustement, très injustement
inconnu en France.
La
légende voudrait que son premier manuscrit ait été
refusé par 47 éditeurs avant de trouver enfin
preneur chez Lester Del Rey (qui fera également connaître
David Eddings). Le temps que son premier tome soit enfin accepté,
Donaldson avait d'ores et déjà terminé
l'écriture de toute sa trilogie. C'est ainsi que "Les
Chroniques de Thomas l'Incrédule" sortirent complètes
la même année en 1977.
Et de nombreux éditeurs allaient s'en mordre les doigts,
tant cette trilogie fut un succès, et encore le mot
est faible pour expliquer les millions de ventes qu'engendra
cette première oeuvre de Donaldson.
Après ce monumental succès public, il ne tarda pas à être
consacrer par ses pairs. Le premier tome de sa trilogie reçut
en 1978 le premier prix de la part de la Société Britannique
de Fantasy et Stephen Donaldson reçut l'année suivante le
prix John W. Campbell, récompensant le meilleur nouvel
auteur de science-fiction.
De nombreux autres prix suivront parmi lesquels le Prix Julia
Verlanger en 1990 pour "Le Miroir de ses Rêves",
seul parmi tous qui pourra signifier quelque chose au public
français.
Suivirent ensuite "The Second Chronicles of Thomas Covenant"
(jamais traduites en France) puis "L'Appel de Mordant"
entre 1986 et 1987.
Au début des années 90, il commença un cycle de science-fiction
("Le Cycle des Seuils") loin des sentiers de la
Fantasy qu'il occupait depuis ses débuts, encore un autre
cycle qui ne fut jamais traduit jusqu'au bout en France.
Stephen
Donaldson devint un auteur à succès très
rapidement aux Etats-Unis. Autant salué par la critique
que par le public, son exportation outre-Atlantique coulait
de source. Pourtant le succès n'arriva jamais en France.
Etrange d'ailleurs. Les auteurs de best sellers dans le domaine
de la Fantasy ont pourtant l'habitude de suivre ce succès
en Europe, comme ont pu le témoigner les Eddings, Jordan
ou Martin plus récemment.
Est-ce dû à son ambiance d'une effroyable noirceur
dans "Thomas l'Indrédule" ou ses personnages
complexes, torturés et loin d'être parfaits de
"L'Appel de Mordant"? Cela a sans doute joué.
Donaldson n'est certainement pas l'auteur le plus accessible
qui soit. Ce n'est pas chez lui que l'on trouvera de la grosse
Fantasy guerrière à la Conan, ou du pur divertissement
à la Eddings.
Donaldson, c'est de la Fantasy noire, avec anti-héros
et ambiance dure et cruelle, personnages d'une incroyable
profondeur, avec une totale absence de manichéisme
de quelque sorte que ce soit.
Mais je pense que la raison majeure de ce rejet, ou plus justement,
la raison pour laquelle tant de gens ne connaissent même
pas cet auteur est tout simplement l'irrespect total que les
éditions françaises ont pu avoir à l'égard
de ses oeuvres, le cas de "Thomas l'Incrédule"
en étant le meilleur exemple. J'en parlerais plus avant
dans les articles consacrés aux oeuvres en elle-mêmes,
mais imaginez une trilogie dont on "oublie" de traduire
les 100 dernières pages du tome 2, et dont certains
passages en milieu de roman sont tout simplement oblitérés.
Vous êtes arrivés à l'imaginer? Et bien,
c'est cela les Chroniques de Thomas l'Incrédule françaises.
Après il ne faut guère s'étonner que
le bouche à oreilles n'ait pas suivi.
Quant au "Cycle des Seuils" comportant 5 tomes,
seuls les trois premiers furent traduits.
Seul, "L'Appel de Mordant" s'en sortit assez bien,
mais sa singulière différence d'avec les autres
récits de Fantasy ont sans doute causé sa perte
en France.
Trouver
du Donaldson en France est aujourd'hui devenu bien difficile,
si ce n'est impossible. Merci messieurs les éditeurs.
Ne restent que les boutiques d'occasion (et encore ça
resterait un miracle que d'en trouver là), les bibliothèques
ou tout simplement les romans originaux, mais bon, ce n'est
pas tous les français qui parlent anglais couramment...
Néanmoins, malgré sa peu de renommée
en France, il reste un des maîtres du genre, et l'ignorer
serait faire insulte à son talent indiscutable.
Donaldson est un des maîtres de la Fantasy contemporaine,
avec des livres ayant de surcroît une grande originalité
devant bon nombre de livres du genre, si vous vous dites fans
de Fantasy vous n'avez pas le droit de passer à côté...
LES
CHRONIQUES DE THOMAS L'INCREDULE (1977)
-Les Chroniques de Thomas l'Incrédule
-Le Réveil du Titan
-L'Eternité Rompue
THE
SECOND CHRONICLES OF THOMAS COVENANT (1980-1983)
-The Wounded Land
-The One Tree
-White Gold Wielder
Daughter
of Regals and Other Tales (1984)
L'APPEL
DE MORDANT (1986-1987)
-Le Miroir de ses Rêves
-Un Cavalier Passe
-Le Feu de ses Passions
LE
CYCLE DES SEUILS (1990-1996)
-La Véritable Histoire
-Le Savoir Interdit
-L'Eveil du Dieu Noir
-Gap into Madness: Chaos and Order
-Gap into Ruin: This Day all Gods Die
Reave
the Just and Other Tales (1998)
The
Man who Fought Alone (2001)

Lyas