
Dire
que Dawn Of The Dead, réponse nerveuse
au Zombie de Romero, était attendu,
en bien comme en mal, relève de l'euphémisme.
Les puristes extrémistes et capricieux rétorqueront
que l'annonce d'un remake, qui n'en a pourtant pas l'air,
est tout bonnement un outrage, surtout quand il s'agit d'un
film aussi intouchable, un petit lifting s'imposait pourtant
et ce depuis des lustres, que Zombie. Alors,
si en effet la symbolique de Zombie était
rudement bien traitée, Dawn Of The Dead
2004 tend à prouver, au travers de la férocité
implicitement galvanisée et de la rudesse de la mise
en scène, que l'ostentation réquisitoire et
l'opulente analyse de la survie humaine sont autant d'éléments
essentiels et caractéristiques de la thématique
évoquée, s'inscrivant sans complexe dans une
toute nouvelle voie homogène et aux possibilités
illimitées, à défaut d'afficher des penchants
politiques nettement moins paroxystiques que l'original. D'une
rare pertinence sur le fond, ce dernier avait déjà
établi les bases de ce qui allait devenir un exemple
incontestable de subversivité, à l'inverse de
la forme qui avait eu du mal à trouver ses repères.
Question gore et idéologie religieuse, c'était
pas trop ça non plus, au regard du remake particulièrement
réussi sur ce point, à l'instar du visuel très
graphique et contrasté.

De
l'oeuvre originale, parlons en, on ne garde finalement que
très peu de choses, le réal s'est fixé
un but, celui de faire un film à part entière,
indépendamment du film de Romero qui agit sensiblement
sur le fil conducteur, faisant du sujet entériné
de la maladie et du supermarché le centre névralgique
de tous les maux internes comme externes, un constat satyrique
de la société de consommation, très présent
de nos jours. Dès lors, Snyder prend le parti
pris d'emboîter le pas sur les nombreuses interprétations
laissées volontairement pour compte dans l'original
afin d'introniser un aspect que Romero avait prit soin
de dessiner. Malgré tout, les clichés et autre
caricatures redondantes - le chien à sauver, l'héroïsme
d'un survivant qui se sacrifie alors qu'il est montré
tout le long comme un égoïste sans foi ni loi-
ne sont pas évités. Des invraisemblances de
ce type, il y en a des tonnes, tout a fait insignifiantes
il est vrai en comparaison de la folie visuelle omniprésente
et furieusement corrélée. Gageons que la version
director's cut corrigera le tir et s'efforcera de broder davantage
l'intrigue et ce qui l'entoure car on a la nette impression
que le montage a été taillé à
la hache et que des scènes manquent à l'appel
avec des trous scénaristiques beaucoup trop voyants.

Mais
qu'à cela ne tienne, on s'éclate pour ce que
le film propose de mieux, de l'action trépidante, un
rythme mené tambour battant, une variation du mythe
zombiesque très fidèle et intelligente, une
musique qui clash et du gore bien craspec, le tout sans concession.
Un usage plus éparpillé de l'espace et du temps
aurait été plus judicieux néanmoins.
Quant à la psychologie des personnages, bien que suffisamment
travaillée, elles se place, comme souligné plus
haut, au deuxième plan, ce qui en définitive
n'est pas plus mal. En contrepartie, la représentation
des zombies de Snyder est tout a fait crédible
et ne fait pas dans la dentelle, bestial, affamé, frénétique,
le résultat fait frissonner de plaisir. On élude
heureusement ce que je considère comme une tare chez
le Zombie de Romero, à savoir
des zombies au teint blafard et sans décomposition
apparente, tout droit débarqué d'un culte raélien
déambulant comme des somnambules constipés et
pressés d'aller se vider, qui au final font plus rire
qu'autre chose. Force est de constater que le Zombie
de Romero a méchamment veilli et que la relève
était amplement nécessaire.
Tequila
VERDICT: