L'histoire:
Seul rescapé du massacre de sa famille et de tous les
habitants de son village, un jeune garçon, Conan, est
traduit en esclavage par l'infâme Thulsa Doom. Maintes
années de terribles tortures et de combats s'ensuivront,
mais un jour Conan, désormais nanti d'une force exceptionnelle
parvient à fuir, et de rencontre en rencontre décide
d'accomplir son plus grand désir: venger son peuple
et détruire Thulsa Doom.
A
l'heure où Peter Jackson redore le blason de
la Fantasy au cinéma, il est temps je pense de revenir
sur les premiers titres du genre. Les nouvelles de Robert
E. Howard furent les premiers écrits d'Heroic-Fantasy
à réellement faire date au début du siècle.
John Milius tenta avec l'aide d'Oliver Stone
au scénario de faire de même pour le cinéma
en adaptant le personnage de Conan sur grand écran
en prenant pour vedette un jeune acteur d'origine autrichienne
du nom d'Arnold Schwarzenegger. Le personnage de Conan
n'étant pas loin d'être aussi bavard qu'une carpe
(il doit dire trois phrases dans tout le film et dès
qu'un obstacle est devant lui (chameau, porte, soldats...)
il frappe, frappe et frappe encore) seul son physique importe,
et aux yeux de Milius qui de plus idéal pour le rôle
d'un gros barbare aux muscles proéminents qu'un ex
Mister Univers? Là-dessus il avait pas tort.
Cependant, le reste du casting a de quoi laisser songeur.
James Earl Jones (la voix de Darth Vader dans Star
Wars) pour faire ce tyran sanguinaire? Je reste coi
devant une telle aberration. Et à la vision du film,
cette mauvaise impression se confirme malheureusement au centuple:
Jones a la voix mais pas le physique de l'emploi. On n'y croit
pas une seconde, et voir ces ribambelles de fidèles
le suivre aveuglément dans ses délires nous
prêterait plutôt à rire.
Les
autres acteurs, Max Von Sydow (Le Septième
Sceau, L'Exorciste) à part,
que l'on voit à peine 3 minutes, sont de parfaits inconnus
dans des rôles archi convenus, la bande de Conan se
présentant finalement comme un groupe ultra classique
d'une partie de Donjons et Dragons avec le gros barbare, la
voleuse, l'archer et le magicien. Mais, on est pas dans un
jeu de rôles ici mes amis, c'est un film, et les exigences
sont autres...
Les relations entre les personnages ne sont pas en reste avec
une histoire d'amour entre deux personnes qui ne s'adressent
jamais la parole (pardon, il se disent 5 mots: "Tu es
un garde?" suivi d'un "non") et découvrent
l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre grâce à
une nuit torride. Si ça c'est pas l'histoire d'amour
la plus finement travaillée de l'histoire du cinéma...
Le scénario suit bien sûr cette même route
de la banalité et du cliché sans nom. Un village
massacré, un unique survivant, un désir de vengeance
contre un méchant d'un manichéisme inimaginable.
Tous les ingrédients du magnifique nanar que tout le
monde rêve de voir avec ses potes un samedi soir pour
bien rigoler. Et c'est d'ailleurs à ces gens-là
que je conseillerais ce film. Commentez chaque minute ridicule
de ce genre de "chose" entre amis vaut son pesant
d'or.
Bien
sûr, ne soyons pas abusivement négatifs et reconnaissons
que tous ceux ayant travaillé sur le film ne méritent
pas d'être lapidés. J'en veux pour exemple l'excellent
travail de Basil Poledouris qui nous signe une bande-son
légendaire qui a traversé les années
avec justice.
Mais une belle musique peut-elle radicalement changé
la physionomie d'un mauvais film? Non, évidemment.
Car en plus, du problème des personnages et du "scénario",
il y a ce machisme ambiant difficilement appréciable.
C'est simple, dans Conan, les femmes sont soit des vilaines
sorcières, soit des prostituées soit des esclaves
(qui finissent soit prostituées soit mortes). Après
on se demande pourquoi l'Heroic-Fantasy a si mauvaise réputation...
Au lieu de s'intéresser à un tel film, je ne
saurais que trop conseiller aux amateurs d'entrer dans une
librairie. Vous y trouverez de fabuleux trésors.
Lyas