Atomik Circus

Atomik Circus, le retour de James Bataille
Film français (2004)
De Didier et Thierry Poiraud
Avec Vanessa Paradis, Benoit Poelvoorde, Jason Flemyng, Jean-Pierre Marielle
Scénario: Didier Poiraud, Thierry Poiraud, Jean-Philippe Dugand, Vincent Tavier, Marie Garel-Weiss
Directeur de la photographie: Philippe Le Sourd
Musique: Vanessa Paradis, Les Little Rabbits
Genre: Comédie / Horreur
Durée: 1h30

L'histoire: James Bataille s'évade de prison et part retrouver sa dulcinée Concia dans un petit village qui prépare comme toutes les années la fête de la tarte à la vache. Sur son chemin, il aura pourtant fort à faire entre un Monsieur Cheval vindicatif, un impresario obsédé et surtout une invasion de créatures décimant la population sur leur passage.

Cette année n'a pas été une très belle année pour le cinéma français. Si ce n'est 2 ou 3 films tels que Les Choristes ou Podium, aucun film produit dans l'Hexagone n'a su tirer son épingle du jeu. C'est sur ces entrefaits qu'un véritable ovni fit surface en plein été: Atomik Circus. A la manière de Blueberry et Immortel certains semblèrent vouloir tenter un grand coup de dé en sortant un film complètement fou, inattendu. On pouvait espérer pour lui, qu'il soit réussi et que le public ne le houspillent pas d'entrée.
Mais après avoir vu le film, je dois admettre qu'un échec cuisant du film me semblerait largement légitime. Une histoire plate (comme vous aurez pu le constater avec les 4 lignes au-dessus) et des personnages sans la moindre envergure en sont les ingrédients les plus fumeux. Vanessa Paradis joue une gourde qui ne pense qu'à chanter sa "Pétroleuse qui fait yeah!", Jean-Pierre Marielle passe son temps à insulter à tour de bras ("on met des gros mots donc on est drôle" ont dû se dire les Poiraud) et Benoît Poelvoorde joue un impresario ne pensant qu'à s'envoyer toutes les filles qu'il croise. Mais n'oublions pas James Bataille joué par un Américain à l'accent insupportable qui nous plombe le film avec ses interjections anglo-saxonnes.

En bref, une accumulation de petites choses (vulgarité, libido exacerbée, personnages loufoques, accent américain) que les frères Poiraud ont du estimer faire partie du clan de la "bizarrarerie", du "déjanté". Et d'en déduire qu'ils tenaient donc le film culte. Aïe...
Et tout cela c'est, de surcroît, sans compter sur la présence de très vilains monstres à tronches de Malboro/Xylomid volants qui, régulièrement dans le film, s'acharneront à décalquer la tête à quelques passants dans des plans merveilleusement mal cadrés comme savent si bien le faire les frères Poiraud.
Tout ceci présage d'un pur film Z. Seul ennui : les 18 millions d'euros du budget qui sont passés on ne sait où. De la série Z de luxe donc.

Malheureusement, même en étant un réel fan de ce type de films, peut-on vraiment apprécier un film mal fini ? Car Atomik Circus n'a pas pour seul défaut cette non-histoire et ces non-personnages. Ce film est de surcroît affreusement mal filmé. Comment expliquer ces problèmes de cadrage ? C'est volontaire ? Ils voulaient faire un film déjanté, donc ils filment comme des ploucs ? Etrange raison. Mal filmé, c'est mal filmé, volontaire ou non…
Et puis pour s'en convaincre, suffit de lire quelques interviews des frères Poiraud. Ils le disent eux-mêmes que leur film ne ressemble pas exactement à ce qu'ils auraient voulu faire. Des plans qu'ils n'ont pas eu le temps de retourner, des explications non finalisées (quitte à jouer la carte de l'ânerie sans nom à fond, n'expliquez rien du tout, c'est mieux. Il n'y a rien de pire que les quarts d'explication), ou encore des personnages tout bonnement sacrifiés (la collègue d'Allan était sensée avoir un rôle majeur)…

Le mélange comédie/horreur peut être d'une grande réussite (vous vous souvenez de Evil Dead ? Ah oui c'est vrai j'oubliais… Sam Raimi avait du talent, lui) mais les Poiraud non seulement oscillent entre la comédie déjantée (le chien par exemple, ou quelques répliques cinglantes bienvenues, notamment de Poelvoorde) et la comédie lourde et grasse (un mélange suicidaire) mais en plus, plutôt que faire un vrai mélange comédie/ horreur, ils préfèrent passer de l'un à l'autre avec une transition qui ne convainc personne. Une première partie se voulant drôle où il ne se passe rien, puis une seconde, sanguinolente (un peu), mal filmée (beaucoup), et horrifiquement Z. Magnifique.
Encore une fois, le cinéma montre que la désaffection du public pour les films français est justifiée. Messieurs, dames, ça vous attriste que seul Les Choristes ait marché dans ces derniers mois? Et bien faites comme Christophe Barratier: faites un bon film.

Lyas

VERDICT:
L'intention était bonne, malheureusement ce n'est pas en donnant les rênes d'un tel projet à de tels réalisateurs que l'on parviendra à sortir de la platitude coutumière du cinéma français. Incapables de gérer le temps imparti, incapables de gérer leur budget, incapables de diriger des acteurs convenablement, remaniant un script maintes fois pour en arriver à un résultat inachevé, il n'est pas étonnant qu'au final Atomik Circus ressemble plus à un brouillon d'un projet au grand potentiel qu'à un vrai film de cinéma. On aura peut-être mieux la prochaine fois, qui sait, à moins que les résultats d'ores et déjà calamiteux au box-office d'Atomik Circus suffise à couler définitivement les frères Poiraud.