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Troie
(Troy)
Film américain (2004)
De
Wolfgang Petersen
Avec
Brad Pitt, Eric Bana, Brian Cox, Rose Byrne, Orlando Bloom, Diane Kruger, Peter O'Toole, Sean Bean
Scénario:
David Benioff, inspiré de L'Iliade d'Homère
Musique: James Horner
Genre:
Peplum/ Historique
Durée: 2h36

L'histoire: Paris, prince de Troie enlève Hélène, épouse de Menelas. Celui-ci fait alors appel à Agamemnon et toutes ses armées pour faire le siège de la ville de Troie, jugée imprenable. Achille et Hector, adversaires, seront les deux hommes essentiels à cette guerre.

Troie fait partie de ces films dont l'annonce n'enthousiasme guère. Nous ne sommes pas dupes, un projet de film épique faisant suite au carton mondial de la trilogie du Seigneur des Anneaux n'est pas dû au hasard. Sans le chef d'oeuvre de Jackson, le film de Petersen n'aurait jamais vu le jour. Alors, lorsqu'en plus, on découvre avec stupéfaction que c'est une mega star très bankable qui va camper le légendaire Achille, on se dit qu'un bon gros nanar sans intérêt se profile à l'horizon.
Malheureusement, et Troie en fait encore les frais, beaucoup n'ont pas daigné aller au-delà de ces préjugés et Troie est, du fait, traîné dans la boue encore et encore lorsque Le Roi Arthur est simplement ignoré et Alexandre excusé. Etrange haine que celle jeté à l'encontre de Troie qui fournit pourtant bien meilleur contenu que certains puristes à l'esprit étriqué ne voudrait bien l'admettre.
Car oui, je n'attendais rien de Troie, oui je craignais le pire, et oui je me trompais. En route pour la défense du meilleur film épique post SDA de 2004.

La critique majeure lancée à l'encontre de Troie est à l'égard de sa non-fidélité à l'Iliade d'Homère. Mais pourquoi critiquer cette non-fidélité lorsqu'elle est voulue et assumée? Le choix des scénaristes sur Troie est pourtant simple et justifiée: faire de l'histoire de la Guerre de Troie, une histoire réaliste et humanisée, donner une dimension historique à ce mythe. Pour cela, un premier choix s'impose: éliminer la présence physique des Dieux. Rappelons-nous L'Iliade, les véritables héros sont les Dieux, les êtres humains ne sont que de vulgaires pions utilisés selon les caprices des Dieux. Les humains ne font rien par eux-mêmes, du moins lorsqu'il s'agit de décisions importantes. Dès qu'une question se pose, qu'un dilemne se présente, ils font immédiatement appel aux Dieux ou les Dieux apparaissent d'eux-même pour faire tourner les évenements tels qu'ils l'exigent. Il suffit de regarder le premier chapitre de L'Iliade pour s'en apercevoir. Agamemnon et Achille se disputent au sujet du devenir de Briseis et que fait Achille à l'issue de cette dispute? Il va pleurer auprès de sa mère afin qu'elle aille plaider sa cause près de Zeus afin de punir Agamemnon. J'estime le choix des scénaristes pleinement justifiable et légitime. Donnons donc à nos héros une envergure d'êtres humains et pas de pions, je ne vois pas où est le problème. En fait il ne faut pas voir ce film comme "La Guerre de Troie telle qu'on nous la raconte dans les livres" mais "La Guerre de Troie telle qu'elle aurait pu se passer si elle s'était vraiment passée". Ca me semble un choix tout à fait défendable. C'est peut-être (plus ou moins) infidèle, mais c'est autrement plus enthousiasmant de voir des personnages agir par eux-mêmes, se donner corps et âmes à leurs désirs, croire en des idéaux que de voir ces mêmes êtres suivre aveuglément la volonté de Dieux omniprésents, vous ne pensez pas?
Et puis, il serait faux de dire que les Dieux sont totalement absents. On ne les voit pas, certes, mais on en parle sans cesse, que ce soit au gré des plans sur les temples et les statues à leur effigie ou que ce soit dans les nombreux présages ou espoirs énoncés par les personnages du film. Ils n'ont pas été éliminé, simplement mis à l'écart afin de rendre la Guerre de Troie plus humaine. Que les mordus de mythologie soient déçus, ça se comprend, mais crier au scandale, non. Cette décision des scénaristes est tout à fait justifiable et justifiée.

Les acteurs maintenant. Eux aussi ne semblent pas emporter tous les suffrages, et pourtant, ils le mériteraient (je rappelerais tout de même qu'on ne juge pas l'interprétation d'un acteur sur une VF pour une raison évidente...) Brad Pitt est trop poseur, pas assez souriant, pas assez expressif? Mais Achille était un homme imbu de lui-même, hautain et arrogant, cette image, Brad Pitt la donne sans concession. Orlando Bloom est trop fade, pas assez charismatique? Parce que Paris est sensé l'être peut-être? Ce petit égoïste qui déclenche une guerre pour un caprice, trop lâche pour aller au bout de ce qu'il devrait légitimement faire? Encore une fois, c'est bien ce Paris-là que je vois dans le film. Et qui n'a pas été touché par la justesse de ton donné au personnage de Briseis par Rose Byrne? Et Peter O'Toole, dans ses rares scènes, explose littéralement à l'écran, émouvant et... royal.
Par contre inutile de défendre Eric Bana, il est bien le seul à ne recevoir les foudres de personne, et avec justice. Il est simplement époustouflant.

Tout cela servant un script remarquable signé David Benioff (auteur du roman La 25è Heure et de son scénario) avec de belles répliques qui font mouche, une trame sans temps mort, et on se retrouve avec un vrai film à grand spectacle comme il en faudrait plus souvent. On critique son statut de film hollywoodien, pourtant le manque de manichéisme dont fait preuve Troie ne me semble pas monnaie courante à moi. Car ne l'oublions pas, Troie est avant tout la confrontation entre deux figures emblématiques que sont Hector et Achille. Et si Petersen nous dépeint un Hector auquel on pourrait difficilement ne pas s'attacher, Achille n'est certainement pas un bad-guy. Donc, je dis non aux raccourcis faciles. Troie assure par son script, ses dialogues, ses personnages, son manque de manichéisme. Cela me semble plutôt pas mal pour un gros nanar.

Si défaut il faut trouver, c'est chez Petersen lui-même qu'il faut chercher pour ses grandes scènes d'action. Si les duels sont réussis (et le mot est faible, je devrais plutôt dire "anthologiques"), les grandes batailles armée contre armée restent trop académiques, sans prises de risque, et surtout vraiment trop brèves. En sortant de la salle, en se remémorant les batailles, on ne se rappelle guère que des duels. Mais peut-on vraiment reprocher à un film épique hollywoodien de s'être davantage consacré à ses personnages qu'à ses grandes batailles inter-armées? Je ne crois pas non.

Lyas

VERDICT:
(4 au mieux pour la VF)

 

 

Note sur le DVD: Bien malheureusement, la version collector de Troie est un gâchis monumental. Des bonus rares, très courts, très peu de choses à se mettre sous la dent. Trois petits docs de 15 minutes qui en auraient necessité quatre fois plus, pas d'interviews, mais comble de tout, aucun commentaire et aucun détail quant au travail d'adaptation de David Benioff. Je ne saurais donc que trop vous conseiller d'opter pour la version simple.

 
 

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